Co-operare signifie œuvrer ensemble ;
Une équipe en coopération est donc une équipe dans laquelle chaque membre est co-auteur d’une œuvre commune. Et lorsque l’on parle de chaque membre, cela signifie tous les membres, quelle que soit leur fonction.
Dans une équipe sportive il n’y a pas que celui ou celle qui marque les points. Sans les co-équipiers, les coaches, les sponsors, le médecin, le kiné, le préparateur physique, l’entraineur, le sélectionneur, les supporters dans les tribunes il n’y a pas de victoire possible.
Pour prendre une autre image, dans un orchestre, on peut avoir tendance à ne porter d’attention et à n’applaudir que le soliste virtuose et le chef d’orchestre qui tient la baguette. Et pourtant, sans chaque instrument de la formation musicale, sans les techniciens du son, et toutes les personnes de l’ombre, il n’y aurait pas de concert et pas de magie.
La coopération : des intelligences conjuguées & de la diversité
La coopération n’est pas simplement l’addition de fonctions ou de compétences complémentaires. La coopération n’est pas une somme, elle plutôt une multiplication. Une culture de coopération c’est une culture d’intelligences conjuguées.
Cette culture d’intelligences conjuguées nécessite de la diversité :
- de sensibilité,
- de façon de penser,
- de rapport au temps,
- de compétences mobilisables…
- de parcours,
- d’expériences,
- de culture,
- d’âge
- …
Cette diversité est essentielle si l’on souhaite éviter de rester enfermé dans ses bulles cognitives. Ces bulles nous enferment dans la répétition, dans les stéréotypes, dans les préjugés. On s’y sent en sécurité certes, et à certains moments on en a besoin, mais il est important d’avoir conscience qu’on y est enfermé dans des routines répétitives parfois sans même s’en rendre compte.
Comment, en restant dans un univers déjà connu, faire les pas de côté nécessaires à la créativité, à l’innovation, à l’apprentissage ou même à l’amélioration continue.
Notre cerveau a deux caractéristiques majeures que les travaux de brillants neuroscientifiques ont mis en évidence (Pierre-Marie LLEDO).
- Notre cerveau est pour 70% de son fonctionnement un cerveau social. Cela signifie que 30% de notre cerveau s’active pour satisfaire nos besoins élémentaires, tandis que les 70% restants s’activent dans l’interaction avec les autres humains. Il y a d’ailleurs très longtemps que les chercheurs ont démontrer que le lien social est le meilleur facteur de protection de la santé.
- Notre cerveau se nourrit, se développe, s’entretient dans le changement. C’est à la condition de vivre des changements, des petits comme des grands, que de nombreuses zones cérébrales s’activent et que de nouveaux neurones se développent.
Donc, sans relations, sans diversité dans les relations et sans changement, notre cerveau est sous-exploité et d’une certaine façon se nécrose. A l’inverse, dans un environnement de partage et de découverte, dans un monde changeant et d’altérité, notre cerveau s’active au maximum de ses capacités, se régénère et produit des neurotransmetteurs vecteurs de plaisir, de récompense, de bien-être.
S’ouvrir aux modes de pensées, aux croyances, aux émotions d’un autre différent de soi, cela n’implique pas que je doive être d’accord avec lui. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’être en accord ou en désaccord. Il s’agit de se laisser bousculer dans ses croyances par celles d’un autre différent de soi pour ouvrir de nouvelles voies et laisser émerger quelque chose de nouveau. Non pas assimiler la pensée de l’autre mais créer une nouvelle connaissance que seul le débat fécond a rendu possible.
Qu’est-ce que cette attitude suppose :
- l’écoute active,
- la discussion,
- le respect de l’autre,
- l’acceptation qu’il n’y a pas qu’une seule façon de voir le monde,
- le renoncement des rapports de pouvoir,
- l’équité
- et… le droit à l’erreur.
Car si on accepte de renoncer à la croyance que l’on sait, si l’on accepte de découvrir un autre chemin, il faut être prêt à se tromper, à trébucher, se relever, recommencer. S’il n’y a pas de droit à l’erreur il ne peut pas y avoir de créativité ni d’innovation.
C’est aussi à cela que sert la coopération : pouvoir prendre le risque de se tromper parce que l’on sait que les autres l’accepteront, ne porteront pas un jugement négatif, seront là pour soutenir l’expérience, ne considèrerons pas l’erreur comme un échec mais comme un apprentissage qui dans tous les cas a permis de mieux comprendre et agir autrement.
Si l’on n’essaie pas, on ne sait pas, on croit juste savoir.
Bien évidemment, dans une entreprise comme dans une collectivité, tout cela n’est possible qu’à la condition d’une organisation de travail certes bienveillante, mais structurée.
La créativité et l’intelligence collective ce n’est pas l’anarchie et comme au théâtre « Improviser ça ne s’improvise pas ! » Tout est question d’équilibre : avoir un cadre et des repères structurants, des règles du jeu explicites, des objectifs et des rôles clairs et reconnus, des process partagés, des repères temporels…
La coopération va donc supposer un droit égal de chacun à participer à la réflexion collective.
Co-opérare c’est créer une œuvre commune et créer c’est être dans l’action !
On ne peut pas se satisfaire d’informer. Il s’agit de réellement discuter et écouter les questionnements, les inquiétudes, les idées.Savoir n’est pas comprendre.
Recevoir une information ne permet pas de l’assimiler. Pire, les études ont montré qu’avoir accès à beaucoup d’informations sans pouvoir travailler avec les autres sur ces informations produit de l’anxiété. Le cerveau reçoit des informations qu’il ne peut pas réellement intégrer à son expérience, il reste passif devant l’information, ne peut pas agir et cela génère de l’anxiété et donc de la peur.
Lire aussi : https://opus-fabrica.fr/publications/la-cooperation-un-orchestre-sans-chef/