Diagnostic risques psychosociaux : restaurer les capacités d’autorégulation collective au cœur de la transformation

Un accompagnement stratégique au-delà du constat : transformer la prévention des risques psychosociaux (RPS) en levier d’intelligence collective et de QVCT durable

Intervenir dans une organisation n’a jamais été, pour nous, une question de méthode appliquée. C’est, d’abord, accepter de rencontrer un système vivant, complexe, et souvent traversé par des dynamiques invisibles qui échappent aux indicateurs classiques liés aux RPS.

Lorsqu’un site industriel en pleine transformation a sollicité Opus Fabrica pour un diagnostic des risques psychosociaux, il ne s’agissait pas d’apporter une photographie de plus à un comité de direction déjà conscient des tensions latentes. Leur demande était plus profonde : comprendre ce qui, sous la surface, risquait de fragiliser durablement la dynamique collective et la santé organisationnelle.

Prévention des RPS : lire les signaux faibles d’une organisation en tension

Le contexte révélait des tensions diffuses : l’empilement de projets stratégiques, la recomposition des équipes autour de nouvelles priorités, la pression des délais et des exigences de performance. Mais ces éléments, à eux seuls, ne suffisaient pas à expliquer l’usure ressentie par les collectifs. Le problème n’était pas simplement un « manque de moyens » ou un « excès de charge », comme trop souvent constaté dans les diagnostics RPS. Il s’agissait d’un phénomène plus insidieux : une érosion progressive de la capacité des collectifs à s’autoréguler, à se protéger eux-mêmes des effets délétères de la complexité croissante.

Diagnostic RPS : restaurer les capacités de régulation collective

Notre première responsabilité a été d’installer une lecture systémique, rigoureuse et plurielle, véritable levier de transformation organisationnelle. L’approche quantitative, à travers un questionnaire structuré autour du modèle Tension-Régulation de l’ANACT, nous a permis d’objectiver certaines expositions : surcharge cognitive, contradictions organisationnelles, sentiment d’isolement décisionnel. Mais c’est surtout l’analyse qualitative qui a révélé l’essentiel : l’effritement des régulations informelles, ces mécanismes discrets qui, en temps normal, permettent aux collectifs de compenser la rigidité des structures formelles.

Complexité organisationnelle et épuisement silencieux

Au fil des entretiens individuels et collectifs, un schéma s’est dessiné : les collaborateurs n’avaient pas seulement à faire face à une intensification du travail ; ils avaient à gérer seuls la désynchronisation des attentes managériales, des priorités stratégiques, et des logiques opérationnelles. Le discours officiel affichait des objectifs clairs ; le terrain vivait une cacophonie d’injonctions. À force de vouloir absorber l’incohérence, les équipes s’épuisaient en silence, mettant en lumière un besoin critique de prévention des risques psychosociaux.

C’est ici que notre intervention a pris son sens particulier. Parce que les poncifs classiques tels que « le renforcement du management de proximité » ou « l’amélioration de la communication interne » ne suffisent pas à redonner du pouvoir d’agir, nous avons proposé de réinstaller une réelle capacité collective de régulation, en responsabilisant tous les acteurs et en libérant les ressources de coopération. Restaurer l’autorégulation collective devenait ici un enjeu central de la transformation en cours.

Cela n’a pas été décrété. Cela a été construit.

Nous avons d’abord restitué, dans un cadre sécurisé, une lecture partagée des tensions : pas uniquement les symptômes visibles, mais les désajustements structurels et fonctionnels du système. Ce travail de mise en visibilité, en lui-même, a commencé à restaurer une forme d’autoréflexivité collective, souvent perdue dans les contextes de transformation rapide.

Ensuite, nous avons initié un dispositif de co-développement interservices. Le choix n’était pas neutre. Il ne s’agissait pas simplement de favoriser l’expression ou de « donner la parole », mais de recréer des espaces où les collectifs pouvaient élaborer eux-mêmes des stratégies d’ajustement, en s’appuyant sur leurs ressources internes. Concrètement, cela signifiait :

  • Outiller les collectifs pour qu’ils identifient ensemble leurs marges de manœuvre.
  • Installer des logiques de vigilance partagée sur les signaux faibles de surcharge, de conflit de rôles, ou d’isolement décisionnel.
  • Former les managers non pas à « porter » seuls la prévention des risques psychosociaux (RPS), mais à animer des régulations collectives de proximité, dans une logique de subsidiarité réelle.
Passer de la prévention à la QVCT durable

Ce qui fait la différence, dans une telle démarche, n’est pas seulement la méthode ; c’est l’intentionnalité stratégique. Nous n’avons pas cherché à corriger les effets ; nous avons travaillé à restaurer une dynamique d’auto-régulation dans l’organisation. C’est cela, notre signature : refuser l’approche curative au profit d’une approche capacitaire, au service d’une QVCT durable.

Intelligence collective et autonomie organisationnelle : les effets durables

Au terme de l’intervention, plusieurs effets ont été observés :

  • Un redéploiement de la régulation horizontale entre services, réduisant les situations de double contrainte.
  • Une revalorisation du rôle des managers intermédiaires comme facilitateurs de coopération, et non simples courroies de transmission.
  • Une appropriation collective des indicateurs de tension, utilisés non pour sanctionner mais pour piloter l’adaptation.

Plus fondamentalement, c’est une capacité organisationnelle renouvelée qui a été installée : celle de se regarder fonctionner, de se réajuster sans attendre que l’alerte devienne crise.

Ce diagnostic des risques psychosociaux n’a donc pas produit un plan d’actions figé. Il a produit un mouvement. Un mouvement d’intelligence collective, capable de se prolonger au-delà de l’intervention externe.

Chez Opus Fabrica, nous croyons que la prévention des RPS et le développement de la QVCT passent nécessairement par là : aider les organisations non pas à s’adapter à chaque turbulence, mais à devenir elles-mêmes plus intelligentes face à l’incertain.

C’est dans cette ambition que nous inscrivons chacune de nos interventions.

 

Par l’équipe d’Opus Fabrica

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